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Corée (1950-1953)

¬ 1950- Corée. Les armées de la Corée du Nord franchissent le 38e parallèle et pénètrent sur le territoire de la Corée du Sud. A la demande des Nations unies, qu'ils dominent très largement, les États-Unis «acceptent» d'aider à «repousser l'agression armée». Tant au Nord qu'au Sud, deux millions de Coréens trouveront la mort au cours de cette guerre. (Frédéric Cotton: Chronologie des interventions américaines)


Corée de l'après-guerre:

Après la défaite des Japonais qui occupent la Corée depuis 1910, les Coréens accéderont à l'indépendance et les Nations unies assureront pour un temps un trusteeship sur le pays. Mais, à Yalta, une décision capitale est prise. Lorsque les Soviétiques entreront en guerre contre le Japon, ils occuperont la moitié nord de la Corée; les Américains administreront la partie sud. C'est à Potsdam que les «libérateurs» choisissent le 38e parallèle, une délimitation commode. Et puis, la guerre froide fige le statu quo. On parle toujours de réunir les deux zones et rien ne se fait. (AK 394)

Les Soviétiques retirent leurs troupes en 1948; les Américains suivent l'exemple peu après. Les uns et les autres laissent derrière eux des conseillers, des armes et de fidèles partisans. En Corée du Nord, l'homme fort se nomme Kim Il Sung; en Corée du Sud, Syngman Rhee. Le régime du premier s'apparente à une démocratie populaire; celui du second, à une dictature de droite (...). (AK 395)

CHOMSKY: «Lorsque l'armée américaine entra en Corée, en 1945, elle chassa le gouvernement populaire local, constitué en premier lieu d'antifascistes qui avaient résisté aux Japonais, et elle organisa une répression brutale, utilisant pour ce faire la police fasciste japonaise ainsi que des Coréens qui avaient collaboré avec elle pendant l'occupation nippone. Quelque 100'000 personnes furent assassinées en Corée du Sud bien antérieurement à ce que nous appelons la guerre de Corée, y compris les 30 ou 40'000 personnes qui furent tuées au cours de la répression d'une révolte paysanne dans la seule petite région de l'île de Cheju. (Noam Chomsky, Les dessous de la politique de l'Oncle Sam, Odonian Press, 1992, p.22)

Septembre 1949: les soldats de Mao Tsö-tong entrent à Pékin et chassent les nationalistes de Tchang Kaï-chek à Formose (Taïwan).

Guerre de Corée

Le dimanche 25 juin 1950, à 4 heures du matin, les Coréens du Nord franchissent le 38e parallèle et envahissent la Corée du Sud. Là-dessus, les témoignages concordent, bien qu'en Union soviétique et en Corée du Nord on ait toujours soutenu que le Sud a commis l'agression (...). Le 27 juin, le Conseil de sécurité, par 7 voix contre 1 (la Yougoslavie), assure la Corée du Sud du soutien de l'ONU et lui promet une aide militaire «pour assurer la paix et la sécurité dans la région». Cette aide militaire est essentiellement américaine. Le général MacArthur reçoit le commandement du corps expéditionnaire. (AK 395)

Après un premier triomphe des troupes de Kim Il Sung, les Coréens du Nord sont repoussés par les Américains et leurs alliés (sept-oct.1950)

26 octobre 1950: les chinois interviennent dans la guerre et 200'000 de leurs soldats repoussent «l'envahisseur». MacArthur croyait qu'au maximum 60'000 «volontaires» chinois viendraient aider les Coréens du Nord (...), et voilà que les Nations unies battent en retraite, défendent chèrement, dans un hiver particulièrement rigoureux, chaque mètre carré d'une obscure péninsule asiatique. Séoul tombe de nouveau aux mains de l'ennemi en janvier 1951, avant d'être reprise à la mi-mars et le 38e parallèle une deuxième fois franchi par les soldats de MacArthur. Sans doute Truman a-t-il songé un moment à utiliser l'arme atomique. Mais l'état-major américain de veut pas que les États-Unis déclenchent la troisième guerre mondiale (...). (AK 397)

Les négociations entre belligérants débutent en juillet [1951] et se prolongeront deux années durant au milieu des combats qui portent le total des morts et des blessés américains à 150'000, celui des morts chinois et coréens du Nord aux environs de 2 millions (cf.body-count). L'armistice, signé à Panmunjom le 17 juillet 1953, laisse en présence deux Corées. Une frontière, proche du 38e parallèle, les sépare en même temps qu'une bande de terrain qu'on appelle la zone démilitarisée. (AK 397-398)

Les États-Unis sortent transformés de l'aventure coréenne. Le réarmement s'accélère. Le montant des dépenses pour la défense nationale s'établissait à 13 milliards pour l'année 1950. L'année suivante, il a presque doublé.
En 1952, il atteint 44 milliards.
En 1953, 50.4 milliards, puis se maintient entre 41 et 46 milliards jusqu'au début des années soixante. On comprend pourquoi le président Eisenhower pouvait, peu avant de quitter la Maison Blanche en janvier 1961, évoquer le complexe militaro-industriel qui, disait-il, doit être surveillé et maîtrisé. (AK 399)

Voir aussi:
- Communisme
- Iran (1953)
- Guatemala (1954)
- Liban (1958)
- Vietnam (1960-73)


-- [AK] André Kaspi: Les Américains, Paris, 1986.

-- Noam Chomsky: Intervention in Vietnam & Central America (dans: De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille, 2001, pp.38-39).

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